Les musiques pour la jeunesse marocaine
Publié le 13 Novembre 2010
Dans le contexte de la Nayda, il n’y a pas que le langage qui crée un écart entre les jeunes et les moins jeunes au Maroc; il y a certainement également les goûts musicaux. Quand leurs parents se laissent bercer par les nombreux styles musicaux, du patrimoine ainsi que les voix de miel de Abdelhadi Belkhayat, Abdelwahab Doukkali ou Naïma Samih, les teenagers, eux s’enflamment pour le hip-hop, le rock, le hard rock, le metal (néo et black) ou la musique tecktonik.
Soupirer après les années perdues, les sentiments simples, les amours improbables et les rêves fracassés n’est pas d'actualité. C'est quand ça pulse et électrise qu’ils prennent leur pied. Pour eux, Nass El Ghiwane, et surtout Jil Jilala restent des reliques respectables.
Mais pour les copains, la vie ne peut se chanter que sur les accords de la musique dite « alternative ». Les icônes des jeunes s’appellent Metallica, Iran Maiden, 50 cent, Tokio hôtel, Bigg, Madonna, Fnaïre, H-Kayne, Hoba Hoba Spirit,...qu’ils regardent sur les chaînes satélitaires comme M6 music, Fun TV, MTV, ..., ou écoutent à la radio ou sur internet.
"La musique arabe est reconnue comme la musique de nos frères et comme celle du rêve d'une grande nation arabe, mais lorsque vous la comparez à la musique occidentale, de nombreux Marocains la trouve vieillotte, remplie de clichés et, musicalement parlant, pauvre. D'autres Marocains estiment tout simplement qu'ils ne sont pas arabes, la majorité d'entre eux étant d'origine mixte arabe, berbère et africaine. Alors ils adoptent plus facilement les styles de vie occidentaux et, donc, les goûts musicaux."
La musique urbaine prend son essor et réalise un succès qui prend d'assaut la scène artistique des festivals. Le choix des thèmes et des questions abordés par cette tendance musicale la rend populaire et la propulse au devant de la scène artistique. C'est une musique qui lutte à contre courant.« Elle est plus proche des préoccupations quotidiennes des jeunes, cette catégorie de population qui ne trouve plus sa place dans le paysage musical officiel». Ces sujets sont puisés dans la vie quotidienne des jeunes. C'est une musique qui leur donne la parole pour s'exprimer et donner leur avis sur toutes les questions qui les taraudent notamment la vie politique, l'immigration, le terrorisme. Il est presque révolu le temps où le chanteur parlait de sa dulcinée inabordable Fatma. Aujourd'hui, ce sont les problèmes de la société marocaine qui angoissent et préoccupent la jeunesse marocaine.
Par rapport à l'anesthésie du pouvoir, le rap offre un paysage tout à fait différent au Maroc. Véhiculant une tradition de critique sociale bien comprise par une nouvelle génération de chanteurs, le rap qui se développe actuellement prend davantage en compte les aspects« intérieurs » de la vie des marocains. Ceux-ci trouvent dans ce style un vecteur expressif leur permettant d’aborder la question des conditions de vie « ici et maintenant », sans non plus oublier la cause qui continue de représenter un motif récurrent. Le rôle de critique sociale est ainsi assumé par le rap et non plus par la chanson marocaine qui se tient désormais sur des registres consensuels au sein du monde arabe.
Ainsi, les rappeurs abordent frontalement les problèmes, en partie communs et en partie spécifiques, des nouvelles générations : réfugiés au Liban, palestiniens d’Israël, de Gaza et de Ci-Jordanie. Peu reconnu, le rap palestinien utilise pour se développer des réseaux alternatifs et circule dans les soubassements des univers médiatiques. Ce défaut d’institutionnalisation dans des circuits étatiques ou commerciaux lui offre une liberté de ton inédite.
Nombreux sont les jeunes Marocains qui estiment que les principaux médias de leur pays ne leur proposent qu'un choix très limité en matière de culture musicale. Mais avec le développement de l'internet, la musique internationale devient actuellement accessible.
Le Boulevard des jeunes musiciens, qui se déroule chaque mois de juin à Casablanca, présente une palette d'artistes issus du monde du hip-hop, du rock-metal, en passant par la fusion.
Lancé au départ par un petit groupe d'idéalistes qui rêvaient de créer une scène musicale alternative au Maroc, cette manifestation culturelle est devenue l'une des tremplins les plus importants pour les groupes de musique urbaine locaux.
La publicité que ce festival à créé a aidé à ouvrir la voie à un certain nombre de groupes ancré dans la culture musicale marocaipour ne citer que Darga, Hoba Hoba Spirit, H-Kayne, Casa Crew, Barry, Total Eclypse, Aba'Raz, Fnaïre, ou encore Haoussa.
H-Kayne sans contestste le prototype du groupe de rap marocain le plus adulé auprès des jeunes générations.
Les quatre potes de Meknès : Adil, Azz Eddine, Othman Benhami et Hatim sont considérés par la critique musicale comme de réels innovateurs pour leur a particularité d'allier tradition du patrimoine musical (tourat) et modernité. Ces jeunes on innové en incorporant des chants d'extase mystique de la confrérie des Aïssawa, une branche importante du soufisme marocain avec des éléments du rap moderne : ces rappeurs en recherche de qualité revendiquent surtout que "Le rap est avant tout une musique et que son contenu est, certes important, mais la forme ne doit pas être bâclée".
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