exotisme dans l'art

Publié le 19 Juillet 2011

Une œuvre d'art est appelée exotique (du grec exôtikos) non pas à cause de la seule présence d'éléments étrangers (comme tapis et étoffes d'Orient chez les peintres flamands et vénitiens, instruments musicaux étranges dans l'Histoire de Persée de Piero di Cosimo aux Uffizi de Florence, armure japonaise dans le portrait de sir Neill O'Neill par J. M. Wright à la Tate Gallery de Londres), mais lorsqu'elle est inspirée par les émotions provoquées par l'évocation de pays étrangers ou par leur contact, en particulier par certains pays de l'Orient ou du Midi. La gamme de ces émotions va de la fascination pour des coutumes inusitées et bizarres (aspects qui ont frappé les premiers la fantaisie des Européens), ou pour des passions exaspérées et même monstrueuses (les premiers exemples dans ce sens se trouvent chez les dramaturges élisabéthains inspirés par Sénèque et Giraldi Cinthio), à la jouissance d'une vie plus riche et libre de toute contrainte morale. Cette vie, les romantiques et les décadents l'imaginèrent dans un Orient que les rapports des voyageurs leur faisaient supposer plongé dans une atmosphère excitante. Dans le domaine artistique, l'exotisme peut se caractériser par l'attrait et l'intérêt qu'éprouvent les Européens pour les peuples, les cultures, les paysages et les objets venus d'autres continents.

Le goût pour l'exotisme dans l'art français est une histoire ancienne. Il y a toujours eu des échanges culturels, motivés par les échanges commerciaux, entre l'Orient et l'Occident. On note cependant un réel engouement à la fin du 18e siècle. Le pittoresque, la figure dite de fantaisie furent alors au goût du jour. A cette époque, les frontières de l'Orient étaient floues et mystérieuses. C'était autant l'Afrique que laChine. Les liens diplomatiques de la France avec la Turquie dès le début du 18e siècle vont jouer un rôle majeur dans la diffusion des motifs et des sujets orientaux dans les arts et la littérature. Le roman des Mille et une nuits a été traduit dès 1705, et les écrivains français ont aussi pris l'Orient pour nouveau décor, tel Montesquieu et ses Lettres persanes (1721). Le plus souvent, il s'agissait d'un orient rêvé et fantasmé par les artistes.

Le goût pour l'exotisme dans l'art français est une histoire ancienne. Il y a toujours eu des échanges culturels, motivés par les échanges commerciaux, entre l'Orient et l'Occident. On note cependant un réel engouement à la fin du 18e siècle. Le pittoresque, la figure dite de fantaisie furent alors au goût du jour. A cette époque, les frontières de l'Orient étaient floues et mystérieuses. C'était autant l'Afrique que laChine. Les liens diplomatiques de la France avec la Turquie dès le début du 18e siècle vont jouer un rôle majeur dans la diffusion des motifs et des sujets orientaux dans les arts et la littérature. Le roman des Mille et une nuits a été traduit dès 1705, et les écrivains français ont aussi pris l'Orient pour nouveau décor, tel Montesquieu et ses Lettres persanes (1721). Le plus souvent, il s'agissait d'un orient rêvé et fantasmé par les artistes.

Petite chronologie subjective et partiale - Précurseurs de l'exotisme dans l'art à travers la littérature

Les Dieux sont allés chez les nègres irréprochables célébrer la fête du soleil.

Homère

Ninus, roi des Assyriens, fut le premier qui, par une soif nouvelle d'hégémonie transforma ces habitudes anciennes des d'antiques traditions d'équilé C'est lui qui Le premier porta la guerre chez ses voisins, et jusqu'aux frontières de la Libye il étendit sa domination sur des peuples encore inhabiles à se défendre. i> Et un peu plus bas : « Ninus, dit-il, affermit par une possession durable l'étendue de ses conquêtes. Vainqueur des voisins, recrutant chez les nouveaux vaincus de nou- velles forces pour passer à d'autres exploits, chaque victoire devient comme l'instrument de la victoire suivante. Et il soumit tous les peuples de l'Orient (Saint Augustin, dans La Cité de Dieu)

(Saint Augustin, dans La Cité de Dieu)

Un Africain est là, venu d'Afrique : c'est Malquiant, le fils du roi Malcud. Ses armes sont tout incrustées d'or ; au soleil sur tous les autres il resplendit. Il monte le cheval qu'il appelle Saut-Perdu : il n'y a bête qui puisse l'égaler à la course. Il va frapper sur l'écu Anses : il en tranche les quartiers de vermeil et d'azur. Il lui a rompu les pans de son haubert, il lui enfonce au corps l'épieu, fer et bois. Le comte est mort, son temps est fini. Les Franais disent : Baron, c'est grand'pitié de toi !

La Chanson de Roland, CXX 

...jadis et avant le deluge, il y avoit une grande Isle nommée Atlantide, droict à la bouche du destroit de Gibaltar, qui tenoit plus de païs que l'Afrique et l'Asie toutes deux ensemble : et que les Roys de cette contrée là, qui ne possedoient pas seulement cette Isle, mais s'estoyent estendus dans la terre ferme si avant, qu'ils tenoyent de la largeur d'Afrique, jusques en Ægypte, et de la longueur de l'Europe, jusques en la Toscane, entreprindrent d'enjamber jusques sur l'Asie, et subjuguer toutes les nations qui bordent la mer Mediterranée, jusques au golfe de la mer Majour : et pour cet effect, traverserent les Espaignes, la Gaule, l'Italie jusques en la Grece, où les Atheniens les soustindrent : mais que quelque temps apres, et les Atheniens et eux et leur Isle furent engloutis par le deluge. Il est bien vray-semblable, que cet extreme ravage d'eau ait faict des changemens estranges aux habitations de la terre : comme on tient que la mer a retranché la Sicile d'avec l'Italie :

Hæc loca vi quondam, et vasta convulsa ruina, Dissiluisse ferunt, cùm protinus utraque tellus Una foret.

Chypre d'avec la Surie ; l'Isle de Negrepont, de la terre ferme de la Boeoce : et joint ailleurs les terres qui estoient divisées, comblant de limon et de sable les fosses d'entre-deux.

sterilisque diu palus aptaque remis Vicinas urbe alit, et grave sentit aratrum.

Mais il n'y a pas grande apparence, que cette Isle soit ce monde nouveau, que nous venons de descouvrir : car elle touchoit quasi l'Espaigne, et ce seroit un effect incroyable d'inundation, de l'en avoir reculée comme elle est, de plus de douze cens lieuës : Outre ce que les navigations des modernes ont des-ja presque descouvert, que ce n'est point une isle, ains terre ferme, et continente avec l'Inde Orientale d'un costé, et avec les terres, qui sont soubs les deux poles d'autre part..."

..."Or je trouve, pour revenir à mon propos, qu'il n'y a rien de barbare et de sauvage en cette nation, à ce qu'on m'en a rapporté : sinon que chacun appelle barbarie, ce qui n'est pas de son usage. Comme de vray nous n'avons autre mire de la verité, et de la raison, que l'exemple et idée des opinions et usances du païs où nous sommes. Là est tousjours la parfaicte religion, la parfaicte police, parfaict et accomply usage de toutes choses. Ils sont sauvages de mesmes, que nous appellons sauvages les fruicts, que nature de soy et de son progrez ordinaire a produicts : là où à la verité ce sont ceux que nous avons alterez par nostre artifice, et destournez de l'ordre commun, que nous devrions appeller plustost sauvages. En ceux là sont vives et vigoureuses, les vrayes, et plus utiles et naturelles, vertus et proprietez ; lesquelles nous avons abbastardies en ceux-cy, les accommodant au plaisir de nostre goust corrompu. Et si pourtant la saveur mesme et delicatesse se trouve à nostre goust mesme excellente à l'envi des nostres, en divers fruits de ces contrées là, sans culture : ce n'est pas raison que l'art gaigne le poinct d'honneur sur nostre grande et puissante mere nature. Nous avons tant rechargé la beauté et richesse de ses ouvrages par noz inventions, que nous l'avons du tout estouffée. Si est-ce que par tout où sa pureté reluit, elle fait une merveilleuse honte à noz vaines et frivoles entreprinses."

Montaigne, Des Cannibales

Mais aussi
L'Utopie (Thomas More)

Ecrit sur le mode d’un dialogue entre More, un cardinal, un jurisconsulte anglais et Raphaël Hythlodée, explorateur revenu d’un pays imaginaire situé en Amérique du Sud prêt de l’équateur, « l'utopie » décrit une société imaginaire jugée comme parfaite par son auteur. Transformée en presqu’île inexpugnable par ses habitants appelés les Utopiens, composés d’anciens naufragés Egyptiens et Grecs, Utopie se divise en plusieurs cités parfaitement administrées selon le régime de la mise en commun des biens des habitants qui alternativement deviennent agriculteurs ou citadins. (source)

Roland Fréjus

En 1666, un Français, Roland Fréjus, mandataire d'une compagnie commerciale de Marseille, s'était rendu d'Alhucemas à Taza, traversant ainsi le Rif dans sa hauteur, voyage qui n'a plus été effectué pendant plus de deux siècles; enfin les récits d'ambassades, tels ceux des missions du baron de Saint-Amand en 1683, et de Pidon de Saint-Olon, en 1694, envoyés du roi de France, et de Windus, ambassadeur d'Angleterre, en 1725, résumèrent à la fin du XVIIIe siècle, avec le bel ouvrage de Louis Sauveur de Chénier (1785), consul général de France au Maroc, puis avec le récit du chirurgien anglais Lemprière, la plus grande somme des connaissances que l'on possédait alors sur l'empire chérifien. Roland Fréjus y débarquera mais son entrevue avec Moulay er Rachid n' ayant pas donner les résultats escompté , la société commerciale crée à cet effet fut dissoute.

Les Bestiaires

Ambroise Paré

"Des monstres marins" d'Ambroise Paré Ambroise Paré, Les Ouvres d'Ambroise Paré, conseiller et premier chirurgien du roy, divisées en vingt huict livres avec les figures & portraicts, tant de l'anatomie, que des instruments de chirurgie, & de plusieurs monstres, Revuës & augmentées par l'autheur, quatrième édition, Paris, Gabriel Buon, 1585. In-fol

Paul Gauguin

François Boucher

François Boucher, Le Mariage chinois

Maure

Jean-Léon Gérôme - Un maure

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Rédigé par Last Night in Orient

Publié dans #Exotisme dans l'art, #Art, #Orientalisme

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Publié le 25 Mars 2011

Entre 1870 et 1914, l'orientalisme a été une période propice à son développement dans l'art de la pensée, mais l'entre-guerre sonnera le déclin de cet intérêt, le public s’attachant alors davantage aux arts et productions de l’Afrique noire et d’Océanie. L'invention de la photographie date de 1839 et a permis à ses premiers utilisateurs - des missionnaires et des explorateurs - et à des photographes professionnels de produire de nombreux portraits d’hommes et de femmes qui vivaient dans les colonies. Par « photographie coloniale », on désigne également une pratique de la prise de vue qui s’est développée pendant plus d’un siècle sur l’ensemble des continents aussi bien qu’à l’occasion des expositions coloniales ou des « exhibitions » d'indigènes. A partir de l’analyse de ces différentes reproductions photographiques, cette communication montre les constructions identitaires et la perception de l’Autre en contexte colonial. Cette invention a permis aux autorités coloniales d’exercer un pouvoir sur les peuples colonisés et de construire une perception particulière des indigènes. La photographie du XIXe siècle a servi des intérêts gouvernementaux et économiques et surtout nourri le fantasme d'un monde lointain et exotique. Certaines de ces photographies parfois imaginatives sont à peine centenaire et évoquent pourtant une période qui semble plus que lointaine, plus que passée. Les aînés se souviennent encore des leçons de géographie et de l’empire colonial basées sur ces clichés que les photographes professionnels fournissent aux magazines les images d'un empire colonial au faîte de sa puissance. Leurs activités coïncident avec l’action de leurs gouvernements qui mènent une politique de pénétration "rampante" dans l'Empire ottoman afin d’y étendre leur hégémonie politique, économique, culturelle et religieuse. Grâce à la photographie, on pouvait non seulement voir mais surtout conserver pour le futur. Ces colonies, vues avant tout à travers un filtre occidentalisant, fut pour ainsi dire théâtralisé par les photographes européens.

Le Maroc est resté plus longuement isolé que les autres pays du Maghreb aux influences occidentales. Ce pays ocre a toujours attiré de nombreux photographes. Pierre Loti était également photographe, Paul Bowles et Jean Genet, étaient également fascinés pour les mêmes raisons de ce pays. Notons aussi le projet du banquier et mécène français Albert Kahn (1860-1940) qui a consacré une partie de sa vie et sa fortune pour constituer à partir de 1909 "les Archives de la Planète (ADLP)" dans le cadre philanthropique d'une compréhension et de dialogues entre les cultures. Il mit sur pied de nombreuses institutions à la suite d’un tour du monde, qu’il concrétise son projet de créer les Archives de la Planète, en formant des équipes chargées de la mission de photographier les us et coutumes de l'Autre. L'objectif principal était de rencontrer ce pays traditionnel, dans ses vestiges comme dans son actualité, dans ses équilibres séculaires ou ses splendeurs menacées, ses permanences ou ses ruptures, sans occulter l’empreinte des différents envahisseurs et notamment de la présence française, dans ses réalisations comme dans les dommages générés par le système colonial. L'opérateur Stéphane Passet part pour le Maroc, armé de caméras et d'appareils photo, le pays est en passe de devenir un protectorat français. Il restera au Maroc entre 1912-1913, et ensuite ce fut le tour de Georges Chevalier en 1925.

Le livre de Marie Moignard intitulé « Une histoire de la photographie marocaine » est paru en 2010 et retrace l’évolution de la photographie marocaine, depuis les premiers photographes autochtones jusqu’aux grands noms de la photographie contemporaine.

Nicolás Muller. Bailarina Tajara, Larache, Morocco, 1942

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Rédigé par Last Night in Orient

Publié dans #Documents, #Exotisme dans l'art, #Photographie

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Publié le 24 Mars 2011

Charmeurs de serpents, Maroc, Tanger Un homme debout tenant un serpent, trois assis, un jouant de la flûte et deux jouant de la batterie.

Charmeurs de serpents, Maroc, Tanger Un homme debout tenant un serpent, trois assis, un jouant de la flûte et deux jouant de la batterie.

Tancrède Dumas (1830 - 1905) fut un photographe documentaire italien qui après avoir appris son métier chez Alinari à Florence a travaillé au Maghreb et au Moyen-Orient et possédait un studio à Beyrouth en 1860.

Il était actif entre 1860 et 1890 et a travaillé avec l'impression à l'albumine (inventée en 1850 par Louis Désiré Blanquart-Evrard et qui fut le premier procédé commercialement exploitable pour réaliser des impressions de photographies à partir d'un négatif) pour le compte de la Société américaine pour l'exploration de la Palestine afin de documenter les régions à l'est du Jourdain. Ses clichés approchent l'art et sont de très bonne facture.

L'invention de la photographie en 1839 a permis à ses premiers utilisateurs - des missionnaires et des explorateurs - et à des photographes professionnels de produire de nombreux portraits d’hommes et de femmes qui vivaient dans les colonies. A partir de l’analyse de ces différentes reproductions photographiques, cette communication montre les constructions identitaires et la perception de l’Autre en contexte colonial. L’invention de la photographie a permis aux autorités coloniales d’exercer un pouvoir sur les peuples colonisés et de construire une perception particulière des indigènes. La photographie du XIXe siècle a servi des intérêts gouvernementaux et économiques et surtout nourri le fantasme d'un monde lointain et exotique. Ces photographies à peine centenaire évoquent toujours une période qui semble plus que lointaine, plus que passée.

Les aînés se souviennent encore des leçons de géographie et de l’empire colonial basées sur ces clichés fournis aux magazines de l'époque dans le contexte d'un empire colonial au faîte de sa puissance. Les activités de ces photographes coïncidaient avec l’action de leurs gouvernements respectifs qui mènaient une politique de pénétration "rampante" dans l’Empire ottoman afin d’y étendre leur hégémonic politique, économique, culturelle et religieuse.

Dès 1839, les photographes avaient pour principales destinations dans le bassin méditerranéen l’Italie, la Grèce, la Turquie, l’Egypte, la Palestine et l’Algérie, ceux-ci suivant généralement les campagnes militaires et les pénétrations coloniales, les missions archéologiques, diplomatiques ou religieuses, et s’installant au rythme de l’implantation européenne dans ces régions. Hormis Tanger, ville internationale et commerciale, le Maroc demeurera plus longtemps inexploré par les étrangers et ne se verra imposer un double protectorat, espagnol et français, qu’en 1912.

 

 

Tancrède Dumas, aveugle transportant un paralytique, La Parabole des aveugles de Pieter Brueghel faisait référence à la parabole du Christ adressée aux Pharisiens : « Si un aveugle guide un aveugle, tous les deux tomberont dans un trou. » (Mt 15,14 ; Lc 6,39)

Tancrède Dumas, aveugle transportant un paralytique, La Parabole des aveugles de Pieter Brueghel faisait référence à la parabole du Christ adressée aux Pharisiens : « Si un aveugle guide un aveugle, tous les deux tomberont dans un trou. » (Mt 15,14 ; Lc 6,39)

Drogmans arabes profitant d'un repas

Drogmans arabes profitant d'un repas

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