Cheikh Kaddour Darsouni

Publié le 9 Novembre 2008

Cheikh Mohamed Kaddour Darsouni (né en 1927) est un artiste (musicien, flûtiste et chanteur), musicologue et maître du Malouf constantinois. Il est considéré comme l'un des derniers grands conservateurs et transmetteurs de la nouba andalouse. Il est l'auteur d'un inestimable recueil des poèmes de la musique arabo-andalouse, malouf de Constantine. 

Il eut un grande influence auprès des musiciens constantinois qui l'ont côtoyé ce qui fair de lui un maître de musique important.

En 1947, Kaddour passe pour la premiere fois à la radio en qualité de chanteur et oudiste en acompagnant Kara Baghli dit Bada Abeid à la flûte , Maamar Berrachi à la percussion, Brahim Amouchi à la mandoline et Abdelkader Toumi au violon.

Il a consacré une vie à transmettre très minutieusement, un patrimoine musical riche et séculaire et participé à l'enregistrement et à la sauvegarde du patrimoine musical algérien.

Cheikh Kaddour Darsouni a également été, depuis son jeune âge, un pédagogue, soucieux de transmettre dans son intégrité, toute la quintessence de cet art monumental.

Il est une des personnalité les plus sollicitées pour la participation de soirées musicales et artistiques, notamment en 2007, à l'occasion du centenaire de feu Cheikh Sadek El Bédjaoui dont la voix demeure l’un des facteurs communs que partagent le école de Tlemcen et Bédjaia.

Il pubie en 2004,  un Recueil des poèmes de la musique andalouse du malouf de Constantine.  C'est la première fois qu'un maître du malouf publie un ouvrage où il fait une autre lecture de la structure de la nouba à Constantine, ainsi que la classification de l'ensemble du répertoire des dix noubas qui sont encore conservées. Mieux encore, l'ouvrage apporte aussi une riche et précieuse documentation sur les « bachraf » et « touchia » qui sont propres à chaque mode, les « koursi » qui correspondent à chaque mouvement de la nouba, les « qadriate », les « noubat el anqlabat », les « zedjel », le « mahdjouz », etc.

Cheikh Kaddour Darsouni apporte surtout ses lumières sur la structure de la nouba à Constantine car elle a toujours prêté à confusion.

Dans le champ musical constantinois traditionnel, la nouba est généralement composée d'un « m'sadder », suivi d'un « derdj », et ensuite d'un « b'taihi » et d'un « khlas ».

Si le « m'sadder », le « derdj » et le « khlas » sont clairement identifiés par un seul rythme, paradoxalement le « b'taihi » est exécuté sur trois rythmes différents (un 6/8, un 8/8 et un 5/8), ce qui à l'évidence est une hérésie. (source : Le Matin 21 juin 2004) 

Structure de la nouba Malouf selon Cheikh Kaddour**
Le répertoire Malouf de Constantine est composé de dix nouba qui sont les suivantes : Dil, M'djenba, H'sine Saba, Ramel Maya, Ramel, Zidane, Mezmoum, Sika, Rased E'ddil, Maya. Les modes ( tûbû ) utilisés pour ces nouba sont les suivants: Dil (Do), Zidane (Re), H'sine(Re), Ramel Maya (Re), Mezmoum (Fa), Sika (Mi), Rasd E'ddil (Do), Maya (Do). A noter que les nouba Dil et Mezmoum n'existait pas dans le répertoire Malouf . les mélodies qui composent ces deux nouba étaient éparpillées, et c'est grâce à un travail de recherche que le cheich Kaddour DARSOUNI a effectué que ces nouba sont venues enrichir l'Ecole de Constantine . la nouba Malouf de Constantine est structurée de la manière suivante: 

  • 1/ Bachraf ou Touchia :c'est une ouverture instrumentale avec une mesure 4/4, (sauf pour le Bachraf Ramel Maya qui a une mesure 7/8 et la Touchia Dil 6/8) jouée à l'unission et qui permet aussi au musiciens d'accorder leurs instruments. 
  • 2/M'ceddar: c'est le premier mouvement qui est exécuté sur un rythme lent appelé aussi "M'rabaâ" avec une mesure 16/8 
  • 3/B'taihi:c'est le deuxième mouvement exécuté en 6/8 avec un temps fort. 
  • 4/Darj :il existe deux mesures qui désignent ce mouvement . la première en 8/8 appelée Dardj Thqil et la deuxième en 3/4 appelée Dardj khafif. 
  • 5/Ensraf: c'est le final, mélodie d'allure vive en 6/8. 
  • 6/khlass: c'est le final, mélodie d'allure vive en 6:8. 

Généralement à chaque nouba correspond un Bachraf ou une Touchia . En dehors des Khlass, chaque mouvement est précédé d'une introduction musicale appelée Koursi . Malheureusement l'Ecole de Constantine n'en a conservé que quelques uns . certains sont propres aux mouvements, d'autre sont tirés principalement de la Touchia Zidane ou appartiennent à des mouvements qui ont le même mode ( ex: le Koursi M'cedar rasd E'ddil est utilisé pour le M'ceddar Maya ). Les Dardj n'ont cependant pas de Koursi. 


** extraits du recueil de la musique andalouse malouf de constantine par Cheikh Kaddour Darsouni - mis en ligne par Benkrourou Brahim.

Rédigé par Last Night in Orient

Publié dans #Musique arabo-andalouse

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