Enquête sur les racines africaines de la musique argentine
Publié le 22 Février 2017
Rendre à l'Afrique sa place légitime dans la culture argentine est une simple question de justice. Au travers de la voix d’une des plus importantes figures contemporaines du tango (le pianiste argentin Juan Carlos Caceres), le réalisateur Dom Pedro nous dévoile la profondeur des empreintes africaines dans cette musique, au travers d’un film riche mêlant interventions musicales et interview de nombreux passionnés du tango, entre l’Amérique latine et l’Europe.
En Argentine, parler des origines africaines du tango est tabou. Natif de Buenos Aires et arrivé à Paris en pleine révolution estudiantine de mai 68, Juan Carlos Caceres est l'une des fortes personnalités latino-américaines de son temps. Pianiste, tromboniste et peintre argentin, cet homme au regard aimanté milite pour un tango traditionnel et authentique assumant enfin ses origines africaines. Cet auteur-compositeur-interprète est un véritable combattant des causes nobles. Ses recherches sur les origines du tango, entamées depuis son pays natal, l'ont convaincu que cette musique, aux accents et aux incontestables racines africaines, est pratiquement la première world music avant la lettre. Et il s'est donné pour mission de réintroduire les rythmes africains dans les harmonies jazzo-napolitano-yiddish du tango tel qu'on le connaît, de Gardel à Piazzola...
Tango negro, tango negro,
te fuiste sin avisar,
los gringos fueron cambiando
tu manera de bailar.
Tango negro, tango negro,
el amo se fue por mar,
se acabaron los candombes
en el barrio ‘e Monserrat.
Más tarde fueron saliendo
en comparsas de carnaval
pero el rito se fue perdiendo
al morirse Baltasar.
Mandingas, Congos y Minas
repiten en el compás,
los toques de sus abuelos
borocotó, borocotó, chas, chas.
Borocotó, borocotó borocotó,
borocotó borocotó, borocotó, chas, chas.
Tango negro, tango negro,
la cosa se puso mal,
no hay más gauchos mazorqueros
y Manuelita que ya no está
Tango negro, tango negro,
los tambores no suenan más
los reyes están de luto
ya nadie los va a aclamar.
Le tango comme genre musical est né, avec la danse du même nom, à Buenos Aires entre 1850 et 1900, d'un mélange de nombreuses formes musicales européennes, de la musique latino-américaine (comme l'habanera) et d'une rythmique africaine (milonga, Candombe, murga). En Argentine, parler des origines africaines du tango est tabou. Bien que le fondement harmonique du tango soit européen, la rythmique contient en partie encore des modèles africains et latino-américains (comme le genre musical Habanera).